Les petites conférences : la motricité


Cette année encore, la mairie du 19ème arrondissement organise des conférences thématiques pour nous aider à devenir des supers parents : comment faire manger 5 fruits et légumes par jour à des monstres qui ne veulent que des pâtes ? comment les rendre bilingues à 6 mois, alors que vous même baragouinez à peine 3 mots d'anglais ? à partir de quel âge faut-il offrir un iphone à votre progéniture ?... (je brode un peu autour des titres hein, ceux de la mairie sont un peu plus... disons consensuels...). Le 4 avril, j'ai honteusement séché le cours de bébé-gym pour assister à la conférence sur la motricité... (on reste dans la thématique, c'est l'essentiel), assurée par Eric Roméo, un psychomotricien très sympathique et très bon orateur, que nous sommes une trentaine à avoir écouté bouche-bée.


Comme je ne crois pas vous y avoir vu nombreux (vous deviez tous être au bébé-gym !) et que je suis très sympa, petit résumé de mes principales découvertes de la matinée :

- Première révélation : le calendrier de développement moteur de l'enfant est le même quelle que soit le continent, la culture... A 2-3 mois, un bébé tient sa tête, à 4-5 mois, il sait se retourner tout seul, avant 18 mois il marche... Au grand regret de certains parents, Eric Romeo n'est pas entré dans le détail du dit-calendrier car nous a dit qu'on le trouvait partout sur Internet et qu'on avait plein d'autres trucs plus originaux à se dire. Ce qui était intéressant, c'était d'apprendre que le développement moteur est en fait programmé génétiquement.

-  Le grand message qu'Eric Romeo a voulu nous faire passer dans cette conférence, je crois, c'est que "le mouvement, c'est la vie !" C'est beau, ça pourrait presque être un slogan pour Pampers, mais en vrai, ça veut dire que pour encourager le développement, l'épanouissement, l'éveil de son enfant, il faut toujours privilégier le mouvement, pas la posture. Et c'est bien pour ça, que plutôt que de le mettre dans une posture (par exemple assis),  et d'être tout content qu'il s'y tienne, il vaut mieux le laisser libre de bouger, de se déplacer et de faire ses propres découvertes. Et donc privilégier le tapis d'éveil/la couverture posée au sol, plutôt que le transat, qui limite le mouvement.

- Bon évidemment, ne croyez pas qu'il s'agit de mettre Loulou sur le dos sur son tapis d'éveil avec un grand portique qui clignote pour que le tour soit joué. Déjà, le portique qui clignote, il vaut mieux limiter un peu. "Trop de stimulation tue la stimulation", nous dit Eric (enfin, il ne l'a pas vraiment dit comme ça hein, je schématise). Sur-stimulé, le bébé s'excite, ne voit plus rien, et a tendance à devenir monomaniaque. Car bien souvent les gri-gris accrochés au portique sont sur le devant, et n'invitent pas les enfants à aller voir ce qui se passe sur les côtés. Au contraire, il est intéressant d'encourager l'enfant à regarder à droite à gauche, en lui tendant des hochets, des doudous, des Pepito, des objets de toutes sortes, qu'il aura envie d'attraper. C'est comme ça que petit à petit, en essayant d'attraper ces petits trucs qui l'attirent, qu'il va petit à petit réussir à se retourner. Bon d'accord au début, il est possible qu'il en soit lui-même surpris, qu'il se retrouve bloqué sur le ventre, avec le bras dessous, et qu'il pleure très fort pour qu'on le sorte de là. Là encore, plutôt que de le prendre dans vos bras ou de le retourner in-petto, mieux vaut le guider doucement pour lui montrer comment décoincer son bras, ou se remettre sur le dos. Comme ça, la prochaine fois, il saura faire tout seul. Et ce sera une belle étape de passer.

- Se retourner sur le ventre, c'est la première des 4 étapes qu'Eric Romeo considère comme essentielles pour le développement moteur de l'enfant. Et si on continue à suivre le grand principe de laisser les enfants se débrouiller, de leur faire confiance plutôt que d'intervenir au premier pleur, les autres étapes s'enchaînent naturellement. Quand il appris à se retourner, l'enfant a compris qu'il pouvait pousser sur ses mains pour se déplacer, et va petit à petit essayer d'avancer en rampant. En rampant, il comprend qu'il peut aussi prendre appui sur ses genoux et développe la coordination des 4 membres... qui lui sera bien utile ensuite pour marcher à 4 pattes. Et grâce aux 4 pattes, il comprend qu'il peut passer à la position assise.

- Evidemment, un enfant qui n'est pas passé par ces 4 étapes peut néanmoins apprendre à marcher, nous étions plusieurs parents dans la salle à en témoigner. Tout n'est pas fichu pour autant si le vôtre n'a jamais rampé (ouf !). Mais pour Eric Romeo, laisser à l'enfant le temps de passer par ces 4 étapes lui permet - au-delà de son développement moteur - de développer son intelligence (il apprend à trouver lui-même les ressources pour se débrouiller, plutôt qu'on fasse à sa place), sa confiance en lui, et même sa résistance à la frustration. Eric Romeo va même plus loin en disant qu'on constate que les enfants qui ont plus de difficulté dans l'apprentissage de l'écriture, de la motricité fine, sont souvent ceux qui à qui ont a fait sauter certaines de ces étapes, par exemple en les asseyant trop tôt.

- Pour conclure, j'avais déjà lu que dans les crèches Montessori, le mot d'ordre était de ne jamais mettre un enfant dans une posture qu'il ne pouvait pas prendre tout seul. Mais à l'époque, ça m'avait semblé assez fou, dans la mesure où mon petit monstre à moi avait la fâcheuse tendance à hurler dès qu'on le laissait sur le dos plus de 15 secondes. Et puis, j'avoue que même moi, j'avais un peu peur qu'il s'ennuie, à regarder le plafond, alors qu'on est tellement mieux dans un transat avec un bon bouquin... Mais force est de constater que ça aurait peut-être valu le coup d'être un peu plus patiente à l'époque, puisqu'il n'a finalement passé aucune des 4 étapes citées par Eric Romeo pour aller directement à la case marche, à 15 mois bien tassés, et que maintenant encore, à presque 3 ans, c'est toute une négociation pour le faire marcher 5 minutes...












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